Prix SRS : des intervenantes familiales honorées pour leur proactivité

Prix SRS : des intervenantes familiales honorées pour leur proactivité

Cette année encore, plusieurs membres de l’APTS ont vu leurs projets récompensés par les prix « Stars du Réseau de la Santé » de la Caisse Desjardins du Réseau de la santé (Prix SRS). Dans la catégorie Humain, c’est une équipe psychosociale de la Montérégie-Ouest qui a remporté la première position pour son Projet Vigilance, qui s’appuie sur une approche de proximité tout en bienveillance pour rendre les services familiaux accessibles et prévenir la négligence envers les enfants.

Alors que le rapport de la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse (CSDEPJ) soulignait tout récemment la nécessité « d’agir en prévention, d’abord et avant tout » pour assurer la protection de la jeunesse, Isabelle Fournier et Karine Leblanc, respectivement travailleuse sociale et technicienne en éducation spécialisée au CISSS de la Montérégie-Ouest, appliquent ce principe depuis deux ans déjà dans le quartier Robert-Cauchon, à Salaberry-de-Valleyfield. Elles nous en disent plus sur leur projet.

Parlez-nous de votre approche dans le cadre de Projet Vigilance.
L’idée est de faire preuve de souplesse dans nos interventions et de les adapter aux besoins des familles et non l’inverse; c’est là que l’approche de proximité intervient. D’abord, en établissant une relation de confiance avec les familles autour d’une activité de revitalisation de rue ou en faisant la lecture d’un conte à l’école. Ensuite, en les soutenant dans leurs besoins de base, qu’il s’agisse d’écoute, d’aide alimentaire ou encore d’accompagnement dans leurs recherches d’emploi ou de logement. Enfin, au besoin et seulement quand les familles sont prêtes à s’investir dans un suivi plus serré, en les redirigeant vers les services de famille dispensés au CLSC —que ce soit en matière de compétences parentales, de repérage ciblé ou encore de santé mentale. Mais notre pari c’est que si l’on intervient collectivement sur les déterminants sociaux de la santé, les familles seront plus aptes à endosser leur rôle parental et à répondre aux besoins de leurs enfants.

Pourquoi avoir déployé ce projet dans le quartier Robert-Cauchon?
C’est un quartier qui présente un niveau très élevé de facteurs de vulnérabilité — 45 % des familles y sont monoparentales contre 22 % dans l’ensemble de la Montérégie-Ouest — et, sans surprise, c’est là que l’on retrouve le plus grand nombre de dossiers liés à la négligence à la direction de la protection de la jeunesse (DPJ) et au CLSC de Valleyfield. C’était donc un bon point de départ pour un projet pilote, mais bien d’autres quartiers pourraient bénéficier grandement d’un Projet Vigilance local.

Au-delà des chiffres, on s’est aperçues qu’il y avait beaucoup de méfiance de la part des familles lorsque venait le temps de recourir aux services disponibles et que, quand bien même les parents auraient voulu s’en prévaloir, ils ne savaient pas à quelle porte frapper. Résultat : les problèmes s’accumulaient jusqu’à ce que la situation ne soit plus gérable et qu’un signalement ait lieu. Le défi qu’on s’est lancé, c’est de soutenir la famille en amont pour briser ce cycle et pour que la DPJ puisse jouer le rôle qui lui incombe, celui de dernier recours.

Comment avez-vous abordé la mise en place du projet?
Dès le départ, il y a eu une forte volonté d’en faire un projet collectif et intégré dans la communauté, de construire un maillage serré entre les différents partenaires et de sortir du travail en silo. Notre premier geste a donc été de mobiliser toutes les parties prenantes, pas seulement dans Robert-Cauchon mais dans Salaberry-de-Valleyfield au complet, et d’inviter tant les organismes communautaires que la municipalité, le réseau scolaire, le CISSS et les citoyen·ne·s à siéger sur le comité de développement. Les réponses ont fusé, ce sont environ 60 personnes provenant de plus de 30 organisations différentes qui se sont impliquées et qui contribuent à ce jour à faire vivre le projet. Notre crédo? « Seul·e·s nous allons plus vite, ensemble nous allons plus loin »!

Quels ont été les leviers qui vous ont permis de déployer le projet de façon efficace et, à l’inverse, quels défis avez-vous dû relever?
L’ouverture d’esprit de notre direction, sa détermination à faire les choses autrement et à s’en donner les moyens — y compris en reconnaissant et en s’appuyant sur l’expertise du milieu communautaire — ont été déterminantes dans la réussite du projet. Côté défis, les ressources sont évidemment encore et toujours un enjeu. À la direction des programmes Jeunesse et des Activités de santé publique, dont on relève, on a la chance de pouvoir compter sur des gestionnaires qui croient énormément en ce projet et qui, bien que les listes d’attente soient longues au CISSS de la Montérégie-Ouest comme partout ailleurs, ont accepté de nous faire passer d’un mandat à temps partiel à un mandat à temps plein pour mettre toutes les chances du côté du Projet Vigilance. On peut aussi compter sur l’appui financier de la Fondation de l’Hôpital du Suroît et des organismes communautaires, ainsi que sur des micro-bourses ponctuelles. Mais si l’on croit que la prévention est la véritable clé de voûte de la protection de la jeunesse, il faudra lui allouer les budgets nécessaires. Espérons que les recommandations du rapport de la CSDEPJ sauront l’inscrire à l’agenda politique!

Vous souhaitez implanter ce projet au sein de votre établissement?

Contactez Andréane Gélineau, organisatrice communautaire, pour en savoir plus.

Photo : Karine Leblanc, technicienne en éducation spécialisée, et Isabelle Fournier, travailleuse sociale.

Rédaction Leïla Asselman | 30 juin 2021