Télépratiquez-vous?

Télépratiquez-vous?

Avec la pandémie, plusieurs membres de l’APTS ont dû travailler en télépratique, surtout dans les secteurs des services psychosociaux et de la réadaptation – qui s’y prêtaient mieux, par exemple, que ceux des laboratoires et de l’imagerie médicale. Voici un tour d’horizon des avantages et inconvénients de la télépratique, suivi de la conclusion de notre série sur le télétravail.

La télépratique est une des multiples dimensions du télétravail. Ce mode d’exercice de la profession s’est développé depuis plusieurs années, si bien que différents ordres professionnels en ont déjà balisé les paramètres.

Selon le Conseil interprofessionnel du Québec, l’exercice d’une profession à distance « comprend la téléconsultation, la téléréadaptation, la téléexpertise, la télésurveillance, la téléassistance, la téléimagerie, mais aussi des activités de formation et de supervision1 ».

La télépratique peut notamment servir à prodiguer des soins via des plateformes numériques telles Zoom et Teams, mais aussi à gérer et à partager de l’information confidentielle et des dossiers numériques sur les patient·e·s.

Les membres d’un ordre professionnel ne doivent en aucun cas déroger de leurs obligations professionnelles et déontologiques en contexte de télétravail et de télépratique.


À cet effet, les différents ordres professionnels qui se sont prononcés sur la télépratique (ou la téléréadaptation) ont ciblé les enjeux dont il faut tenir compte dans l’implantation de ce mode de pratique. Les principaux sont la pertinence de la pratique, les standards de qualité, la connaissance adéquate de la technologie, la confidentialité, le consentement éclairé, la tenue de dossiers, la fiabilité des mesures, ainsi que l’usage des réseaux sociaux.

Encadrement

La télépratique est encadrée par plusieurs lois et règlements, notamment le code des professions, les codes de déontologie, la Charte des droits et libertés de la personne, le Code civil, la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels, pour ne nommer que ceux-là.

Professionnel·le·s et technicien·ne·s doivent s’assurer d’exercer leur profession en télépratique en conservant les standards et les normes de pratique auxquels ils ou elles se réfèrent en présence. Il en va de même pour leur responsabilité à l’égard des actes posés et, bien entendu, pour leurs obligations et devoirs déontologiques – qui conservent toute leur pertinence en télétravail.

C’est au personnel professionnel de juger s’il peut rencontrer toutes ces conditions en faisant du télétravail ou de la télépratique. Ce qui est d’autant plus important en cette période de pandémie, alors que des gestionnaires pourraient exercer une pression sur les salarié·e·s afin qu’ils et elles pratiquent à distance sans tenir compte de leur jugement professionnel.

L’intérêt de la clientèle prime avant tout et c’est aux professionnel·le·s de décider si leurs interventions sont pertinentes au plan clinique lorsqu’elles sont exécutées en télépratique.


À titre d’exemple, une professionnelle ou une technicienne pourrait refuser de faire une séance en télépratique si elle considère que les outils technologiques mis à sa disposition par son employeur ne sont pas suffisants pour exercer selon les mêmes standards et normes professionnelles qu’en présence. Elle pourrait également refuser la télépratique si la personne qui consulte n’a pas les connaissances technologiques suffisantes ni l’équipement requis pour participer.

Bien sûr, la situation d’urgence sanitaire a bouleversé et assoupli le cadre habituel de travail, mais il n’en demeure pas moins que si la télépratique continue de s’appliquer après la pandémie, des balises claires devront être mises en place pour s’assurer que nos membres ne se retrouvent pas coincé·e·s entre leur ordre professionnel et les directives de leur employeur.

Souci de confidentialité

La pandémie pose des défis complexes en matière de confidentialité. En effet, il n’est pas rare que les salarié·e·s fassent de la télépratique ou du télétravail en présence de leur partenaire de vie ou de leurs enfants. Il peut être difficile d’assurer la discrétion et l’intimité recherchées, même en sachant que la confidentialité pour toute séance en télépratique et en télétravail doit être assurée. Il en va de même pour les dossiers des patient·e·s, qui doivent être conservés dans un lieu sûr pour éviter que d’autres personnes ne les consultent par mégarde. Ainsi, les dimensions déontologiques, éthiques et professionnelles en matière de confidentialité doivent être maintenues par la personne salariée, même en télétravail.

N’hésitez pas à interpeller votre équipe syndicale si vous sentez que la télépratique est difficile à exercer.


Vous pouvez aussi consulter les normes et les guides de pratique développés sur ce sujet par les différents ordres professionnels. Avec la pandémie, une mise à jour de leurs directives est disponible sur leur site Internet respectif ainsi que sur celui du Conseil interprofessionnel du Québec.

Le télétravail, là pour rester?

La nouvelle réalité imposée par la crise pandémique entraînera sans doute des changements culturels et sociologiques notables quant à la place du travail à distance dans l’organisation des soins et des services dans le réseau de la santé et des services sociaux.

Considérant l’attachement de la plupart des membres de l’APTS à leur autonomie professionnelle, ce mode d’organisation du travail – complètement ou partiellement à distance – présente des avantages à plusieurs égards. L’organisation du travail traditionnelle mise en place dans le réseau, souvent trop rigide, doit évoluer et s’ouvrir à des modes de gestion beaucoup plus souples. Les employeurs qui sauront le reconnaître se démarqueront assurément, notamment au chapitre de l’attraction et de la rétention de personnel.

Nous savons que plusieurs choisissent à un moment ou à un autre de leur carrière d’œuvrer dans le secteur privé, et ce, bien souvent parce qu’ils et elles aspirent à plus de souplesse au plan de l’organisation du travail.

L’APTS poursuit ses efforts afin de faire évoluer l’organisation du travail en ce sens. Le télétravail devient plus que jamais un jalon important dans cette entreprise.

1Télépratique et gestion du dossier numérique en santé et en relations humaines

Vous pouvez lire les trois articles précédents de cette série sur le télétravail : «Le télétravail par choix et par obligation», «Télétravail : à quelles conditions – 1ère partie» et «Télétravail : à quelles conditions – 2epartie».

Rédaction Audrée Debellefeuille-Dunberry  |  Collaboration Pierre Collin | illustration Alain Reno | 4 juin 2021