Nouvelles activités autorisées au menu des nutritionnistes

Nouvelles activités autorisées au menu des nutritionnistes

Les diététistes/nutritionnistes voient leur jugement clinique et leur contribution à l’accessibilité des soins reconnus avec l’octroi de trois nouvelles activités autorisées. Cette avancée est prometteuse. Nous en avons discuté avec la directrice des affaires professionnelles de l’Ordre professionnel des diététistes du Québec (OPDQ), Marie-Joëlle Valiquette.

Il faut saluer la détermination de l’OPDQ et l’ouverture du Collège des médecins du Québec (CMQ), dont la collaboration a permis qu’au terme d’un long cheminement le Règlement sur certaines activités professionnelles qui peuvent être exercées par les diététistes entre en vigueur le 13 septembre 2018. Par ce règlement, les diététistes/nutritionnistes1 sont désormais autorisées2, selon une ordonnance, à :

  • procéder au retrait définitif d’un tube d’alimentation;
  • administrer des médicaments ou autres substances, par voie orale ou entérale;
  • prescrire des formules nutritives, des vitamines et des minéraux, du matériel d’alimentation entérale ou une solution d’enzymes pancréatiques.

« Directement liées à leur expertise et à leur champ d’exercice, ces activités permettent aux diététistes/nutritionnistes de jouer pleinement leur rôle au sein des équipes interdisciplinaires et d’offrir des services de qualité à la population », explique Marie-Joëlle Valiquette. Afin d’exercer ces activités, les diététistes/nutritionnistes doivent suivre 15 heures de formation pour l’activité de prescription, et 15 heures pour celle du retrait du tube d’alimentation. « Comme ces formations ne sont déployées que depuis le mois de janvier dernier, ces activités ne sont dans les faits exercées par les diététistes/nutritionnistes que depuis peu. À ce jour, au moins 500 d’entre elles sont formées ou en voie de l’être et quelque 200 ont obtenu un numéro de prescripteur. »

Par contre, l’administration des médicaments ou autres substances par voie orale ou entérale ne nécessitant pas de formation préalable obligatoire, les diététistes peuvent exercer cette activité depuis l’entrée en vigueur de la loi en septembre 2018.

Une période de transition

Il reste bien sûr à adapter à ces nouvelles possibilités l’organisation des soins dans les différents milieux. Les gestionnaires y voient pour la plupart une plus-value, autant pour le retrait du tube d’alimentation, qui autrement nécessiterait une visite à l’urgence, que pour la prescription, qui impliquait que le médecin valide les recommandations de la diététiste… qui détient l’expertise.

Le budget de formation est une des limites à l’application du règlement. La nouvelle année financière, qui débute au 1er avril, ouvre toutefois la possibilité de former de nouvelles cohortes.


Les choix qui sont faits entre l’une ou l’autre formation requise pour l’exercice des nouvelles activités dépendront du contexte clinique. « La prescription a suscité jusqu’à maintenant beaucoup d’engouement, souligne la directrice des affaires professionnelles de l’OPDQ. Pas étonnant puisque cette activité est une part importante du rôle de la diététiste/nutritionniste. Par ailleurs, lui confier le retrait du tube d’alimentation est particulièrement avantageux pour les équipes de soins à domicile. Comme il requiert de suivre un atelier pratique supervisé de 5 heures, en plus de la formation en ligne de 10 heures, seules 15 personnes ont été formées jusqu’à maintenant. »

Le maintien des compétences acquises dans ces formations s’inscrira à l’avenir, pour celles qui s’en sont prévalues, dans le processus de formation continue et sera examiné dans le cadre de l’inspection professionnelle menée par l’OPDQ. Alors que débute à peine une nouvelle période de trois ans pour l’obtention des 60 unités de formation continue obligatoires, on peut s’attendre à une vague de popularité pour ces nouvelles formations. Elles permettront aux diététistes d’exercer avec plus de latitude leur jugement clinique.

« Les formations seront offertes pour un minimum de trois ou quatre années », précise Marie-Joëlle Valiquette. Ce délai devrait permettre aux universités d’intégrer les nouvelles activités autorisées dans leur cursus de formation.

« Nous en sommes au début de la mise en œuvre de ces nouveautés et avons encore d’importants efforts de communication à faire pour rejoindre toutes les parties concernées, conclut la représentante de l’OPDQ. Mais la bonne collaboration établie avec le CMQ nous permet de croire qu’il s’agit là d’une première étape dans le cheminement de la profession vers plus d’autonomie. Après tout, c’est dans l’intérêt des patients. »

L’Ordre professionnel des diététistes du Québec a produit une vidéo expliquant les démarches ayant mené au Règlement sur certaines activités professionnelles qui peuvent être exercées par les diététistes.

De concert avec le Collège des médecins du Québec, l’OPDQ diffuse aussi un guide explicatif détaillé fort utile. Il inclut une foire aux questions apte à fournir des réponses éclairantes pour des situations concrètes.

1 Notez que les titres de diététiste et de nutritionniste réfèrent tous deux à la même profession reconnue par le Code des professions.
2 Il s’agit d’activités autorisées et non d’actes réservés. Une activité autorisée est une activité que le Collège des médecins du Québec autorise d’autres professionnel·le·s à exercer.

Rédaction Chantal Mantha | Collaboration Teresa Muccari, Fabienne Chabot | 18 avril 2019