L’intervention auprès des jeunes psychotiques au pays du pot légal

L’intervention auprès des jeunes psychotiques au pays du pot légal

Maintenant que la marijuana est en vente libre, Karine Egglefield, intervenante auprès des jeunes à risque de psychose, aimerait bien pouvoir collaborer avec les gérants des magasins de la Société québécoise du cannabis (SQDC).

Karine est psychoéducatrice dans la région du Haut-Richelieu pour le programme Premier épisode, destiné aux jeunes âgé·e·s de 12 à 35 ans présentant des signes précurseurs de psychose ou ayant vécu un épisode psychotique, ainsi qu’à leur entourage. Le programme vise à prévenir et limiter les dommages de la psychose en intervenant le plus rapidement possible avant que ne se dégradent les aptitudes des personnes. Il est animé par une équipe multidisciplinaire composée, en plus de Karine, d’une ergothérapeute, d’une agente de relations humaines, d’un travailleur social, d’une autre psychoéducatrice, d’une pédopsychiatre et d’une psychiatre. L’équipe intervient dans la communauté, à la maison ou à l’école selon les besoins.

Afin de prévenir les rechutes, les intervenant·e·s espèrent bien sûr tenir leurs client·e·s loin des agents stresseurs susceptibles d’agir comme déclencheurs. La drogue en est un. C’est pourquoi l’approche de Premier épisode prône l’abstinence pour ces jeunes à risque. Or, la psychoéducatrice convient que cette recommandation n’est pas toujours suivie. « À défaut de ne pas consommer, il serait mieux d’acheter à la SQDC en toute légalité et d’opter pour les produits contenant peu ou pas de THC, qui ont moins d’impact sur la psychose. La légalisation permettra sans doute au monde scientifique d’approfondir les connaissances sur le sujet et de préciser les recommandations pour la prévention. »

Karine a bien essayé de se présenter au magasin de la SQDC de sa région pour discuter avec le gérant, mais la longue file d’attente l’a obligée à reporter cet échange. « J’aimerais discuter de notre programme avec les responsables de la SQDC, les sensibiliser à la réalité des personnes vulnérables à la psychose, voire établir un partenariat afin qu’ils puissent nous aider à détecter les personnes à risque et ainsi diminuer la durée de la psychose non traitée. »

L’approche de Premier épisode se veut respectueuse des besoins de la personne et de son projet de vie. Tout en proposant une médication appropriée, elle offre du soutien dans l’expérience de la psychose et des activités de réadaptation individuelles et en groupe. L’équipe travaille en collaboration avec la famille et la communauté.

Pour contacter l’équipe de Premier épisode : (450) 346-2222 poste 8480.

Rédaction Chantal Mantha | 21 novembre 2018