La santé animale au service de la santé humaine

La santé animale au service de la santé humaine

Le métier de technicien·ne en santé animale (TSA) est sans doute le moins bien connu du réseau de la santé. Vice-président de l’unité APTS de santé animale au Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval, Mathieu St-Amant a éclairé nos lanternes en répondant à nos questions.

Bleu APTS : Quel rôle les animaux peuvent-ils bien jouer dans le réseau de la santé?

Mathieu St-Amant (MSA) : Ils sont à la source de nombreuses découvertes et avancées dans la science de la santé, dans le développement de médicaments, de nouvelles chirurgies, de thérapies, etc. Les animaux de laboratoire sont nos alliés dans la poursuite des objectifs de santé, de bien-être et de qualité de vie pour la population du centre hospitalier universitaire (CHU). La recherche est essentielle dans un établissement dont la mission est de former les spécialistes de la santé de demain.

Différentes espèces sont utilisées en milieu de recherche car chacune possède des caractéristiques similaires à celles de l’être humain. Il suffit de penser à la vedette entre toutes, la souris. Cette dernière a fortement contribué à l’évolution de la science médicale, ne serait-ce que par le développement et l’application de la transgénèse.

Et quel est le rôle des TSA par rapport aux animaux?

Les TSA sont des spécialistes des soins, de l’interaction et de la manipulation des êtres vivants autres qu’humains. Ces animaux sont des êtres sensibles qui méritent toute notre attention et un traitement digne de mention. Nous sommes conscient·e·s que l’utilisation des animaux, quelle que soit l’espèce, n’est pas un droit mais bien un privilège. Nous nous conformons aux règles éthiques que les TSA sont responsables d’appliquer et de faire appliquer. Un des principes de base est la règle des 3 R : Réduction, Remplacement, Raffinement, à laquelle nous ajoutons un quatrième R, pour Respect. Nous incitons toutes les équipes de recherche à s’y conformer.

Il ne faut surtout pas s’arrêter à l’information, associée à des vidéos horribles ou autres médias, que l’on retrouve sur internet et les réseaux sociaux. Elle a bien peu à voir avec la réalité. Depuis l’introduction de la médecine vétérinaire et des TSA, l’amélioration du traitement des animaux en science est devenue une priorité.

L’utilisation des animaux en laboratoire a beaucoup évolué depuis qu’on applique la réglementation et les recommandations du Conseil canadien de protection des animaux.


Plus spécifiquement, quelle est la nature du travail des TSA?

Nous cumulons les soins médicaux vétérinaires, la surveillance des règles d’éthique, le soutien technique, certaines tâches plus administratives, l’utilisation d’appareils technologiques comme l’imagerie, la cryopréservation, et j’en passe. Selon les heures, j’agis comme infirmier, chirurgien, anesthésiste, assistant technique, conseiller, analyste en laboratoire, comportementaliste ou formateur. Bref, notre champ de travail est très varié, ce qui le rend très stimulant. Dans notre structure, nous sommes sous la responsabilité des services vétérinaires et, bien entendu, de notre employeur (avec lequel nous sommes actuellement en négociation).

Quelles sont les principales collaborations établies dans le cadre du travail des TSA?

Notre rôle prend toute son importance du fait que nous travaillons étroitement avec les équipes de recherche composées de médecins, de spécialistes en sciences et de professeur·e·s universitaires. Ces collaborations constituent le lien qui nous unit au réseau de la santé.

Notre rôle est d’accompagner, par l’intermédiaire des animaux, ces différent·e·s spécialistes/chercheur·e·s dans la réalisation de leurs projets scientifiques, qui auront fort probablement un impact positif dans le futur sur les soins qui seront prodigués à la population. La recherche tente par tous les moyens de comprendre des mécanismes reliés aux maladies et de trouver des outils de diagnostic et des solutions afin d’améliorer et de prolonger notre qualité de vie. Il est dans l’intérêt de toutes les parties d’encadrer les pratiques qui recourent à l’utilisation des êtres vivants, ne serait-ce que dans l’application des règles d’hygiène afin d’éviter la contamination, dans la collecte de résultats fiables afin d’éviter de devoir reprendre inutilement des expériences, dans les soins afin de prévenir des souffrances et des erreurs d’interprétation, et bien plus encore…

À l’instar de vos collègues, vous êtes un travailleur de l’ombre à qui l’on donne rarement la parole. Puisque l’occasion vous est donnée de parler publiquement de votre travail, quel message aimeriez-vous transmettre à nos lecteurs et lectrices?

L’expérimentation animale ne fait pas toujours bonne figure. Nous aimerions toutefois rassurer le public en rappelant que nous avons les moyens d’agir humainement envers les animaux et que nous avons à cœur leur bien-être. Cette préoccupation s’inscrit dans notre travail quotidien. L’utilisation saine des animaux de laboratoire est sous notre responsabilité et demeure un privilège extraordinaire. Les TSA contribuent à une recherche en santé menée dans l’intérêt de la population.

Propos recueillis par Chantal Mantha | PHOTO ALEXANDRE CLAUDE | 14 MAI 2019