La prévention obligatoire pour le personnel du réseau

La prévention obligatoire pour le personnel du réseau

Chaque jour, des salarié·e·s du réseau de la santé et des services sociaux subissent dans le cadre de leur travail des actes de violence, physique ou psychologique, qui se traduisent par des absences. Alors qu’il est déjà en manque de ressources, le réseau se prive ainsi annuellement de près de 16 000 personnes à temps plein.

Il est urgent que la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) et celui du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale (MTES) prennent leurs responsabilités pour assurer la sécurité et la santé du personnel.

C’est en ces termes que la présidente de l’APTS, Andrée Poirier, est intervenue dans le cadre de la conférence de presse intersyndicale convoquée le 8 décembre dernier pour réclamer l’inclusion du secteur de la santé et des services sociaux dans la liste des groupes prioritaires inscrits dans la Loi sur la santé et la sécurité du travail (LSST).

Le gouvernement doit déposer un projet de loi modifiant la LSST en février 2020. Les sept organisations présentes en santé et services sociaux veulent qu’il profite de cette mise à jour  pour garantir aux salarié·e·s du réseau l’application des mécanismes de prévention et de surveillance que la loi prévoit de déployer dans les secteurs reconnus prioritaires.

« Il faut implanter sans tarder l’intégralité des mécanismes de prévention dans le secteur de la santé et des services sociaux », lit-on dans leur communiqué conjoint.


Les sommes versées en assurance salaire par les établissements et en compensation par la CNESST ne cessent d’augmenter.

En 2017-2018, l’ensemble des établissements publics a versé 24,5 millions d’heures en assurance salaire, une hausse de 27,7% en deux ans. Au cours des deux dernières années, des hausses de coûts importantes ont aussi été observées pour les troubles musculosquelettiques (+ 36%), les chutes (+ 45%) et les actes violents (+ 82%).

La hausse a été de 34% pour les heures d’absence en santé et sécurité du travail pour l’ensemble des établissements publics, passant de 3,3 à 4,4 millions d’heures de 2014 à 2018, soit l’équivalent de 2 400 personnes à temps complet.

Alors que le secteur de la santé et des services sociaux ne représente que 9,8 % des établissements québécois du secteur des soins de la santé et de l’assistance sociale, il enregistre 18 % des accidents et des lésions professionnelles au Québec.

Devant ce qu’il y a lieu de qualifier de véritable crise, il faut une intervention musclée et rapide de la CNESST et des directions d’établissements du réseau.


Ce cri d’alarme a fait consensus parmi les organisations formant le Comité intersyndical de prévention en santé et sécurité qui, au cours des dernières années, ont multiplié les représentations en faveur d’une révision de la loi.

Une priorité absolue

Appuyée par les autres organisations, l’APTS réclame que la prévention en matière de santé psychologique et de violence soit une priorité absolue.

«Il faut assainir nos milieux de travail et exiger de la CNESST qu’elle assume pleinement son rôle, qui est d’agir pour prévenir. Ce qui n’est actuellement pas le cas», a déclaré Andrée Poirier.

La présidente de l’APTS a déploré qu’on oublie trop souvent l’impact de la détresse psychologique et de l’une de ses principales sources, la violence.

«Beaucoup d’intervenant·e·s œuvrent dans des conditions où la violence est quotidienne. Ils et elles subissent continuellement ce que l’on appelle des micros-agressions: injures, crachats, menaces ou gifles. Trop souvent, leurs gestionnaires affirment que c’est normal, que ça vient avec la job. Je ne suis pas d’accord : la violence et la détresse psychologique ne sont pas inhérentes à ce travail.»

Les personnes qui subissent de la violence au travail sont plus nombreuses, en proportion, à avoir une perception négative de leur état de santé général, des problèmes de santé mentale et des troubles musculo-squelettiques. Il faut contrer cela pour qu’elles déclarent toute forme d’agression sur leur lieu de travail et les soutenir adéquatement. Il faut également prévoir les situations violentes et mettre en place des mesures pour les contenir, et surtout, les prévenir.

« Car travailler dans un milieu violent et non sécuritaire, c’est terminé! », a conclu la présidente.

Rédaction Chantal Mantha | Collaboration Mathieu Le Blanc et Chantal Schmidt | Photo François Beauregard | 19 décembre 2019