Génie méconnu cherche reconnaissance

Génie méconnu cherche reconnaissance

Coordonnateur technique au Service de gestion des équipements médicaux au CIUSSS de l’Estrie-CHUS, Jonathan Couture a écrit au ministère de la Santé et des Services sociaux dans l’espoir que le travail des techniciens et coordonnateurs en génie biomédical soit reconnu dans les arrêtés ministériels qui attribuent une prime de 100 $ par semaine au personnel exposé à la COVID-19. Nous reproduisons ici des extraits de sa lettre.

Il est vrai qu’un grand nombre de personnes ne connaissent pas notre métier. Voici un aperçu de notre profession, de notre rôle dans le système de la santé et des défis rencontrés jour après jour dans l’exécution de notre travail.

Entretien et réparation des équipements

Le technicien en génie biomédical (GBM) effectue des tâches telles que l’installation, le dépannage, la vérification, l’étalonnage, l’entretien correctif et préventif des équipements médicaux. Il procède aussi à l’assemblage et à l’adaptation de ces équipements. Il exerce sa profession en étroite collaboration avec l’ensemble des professionnel·le·s de la santé qui utilisent des équipements médicaux et qui dépendent de la technologie tant pour poser un diagnostic que pour traiter un·e patient·e ou surveiller l’évolution de sa condition. Grâce à la justesse de son raisonnement, sa rapidité et son professionnalisme, le technicien en génie biomédical contribue au résultat des actes posés, à l’exactitude du diagnostic et à l’efficacité du traitement.

Les champs d’activités du technicien en génie biomédical sont variés et ont un impact majeur sur tous les services offerts par un établissement de santé : services diagnostiques, d’imagerie médicale et de laboratoires, services thérapeutiques en clinique externe, interventions en salle d’opération, soins aux personnes hospitalisées, etc.

Soutien à la clinique

Nous offrons également un soutien complet aux départements cliniques lorsque des problèmes surviennent avec certains équipements. Ce qui implique une évaluation de la technologie médicale pour mieux atteindre les objectifs de sécurité et d’efficacité et pour que le personnel puisse administrer des soins de qualité. Nous formons les professionnel·le·s de la santé pour que les équipements médicaux soient utilisés de façon optimale et sécuritaire. Même si le personnel de la santé a une connaissance de base de ces appareils, il arrive fréquemment qu’ils ne soient pas bien utilisés en raison de la diversité des modèles d’un hôpital à l’autre et du roulement de personnel. Des erreurs surviennent malheureusement, qui exigent notre intervention.

Dans les départements cliniques des soins critiques, à l’urgence, au bloc opératoire, dans les laboratoires et même en imagerie médicale, le personnel clinique est immédiatement rassuré par notre prise en charge.

On nous surnomme « le département des miracles ».


Nous savons que si nous ne trouvons pas de solution, une personne risque d’être retournée chez elle sans avoir été soignée, une perspective inacceptable.

Où sommes-nous?

Nous devons intervenir partout. Nous prenons la route, peu importe les conditions routières, pour desservir les installations de notre territoire. Nos équipes travaillent principalement dans les grands hôpitaux où les volumes d’équipements technologiques et d’appels d’urgence sont beaucoup plus élevés. Nous sommes aussi présents dans les centres d’hébergement.

Nous travaillons dans les zones froides, tièdes, rouges, dans des départements affectés par des éclosions de COVID-19. Nous entrons dans les chambres des patient·e·s qui en sont atteint·e·s pour réparer l’appareil défectueux. Qu’il s’agisse de la COVID-19, du SRAS, du SARM ou de toute autre maladie contagieuse, nous nous devons d’intervenir et de rendre les appareils fonctionnels et sécuritaires.

Nouveau rôle avec la COVID-19

Nous avons une nouvelle mission depuis mars 2020. Celle de créer et de soutenir les CDD, les CDE et toutes les zones ouvertes à cause de la pandémie. Nous avons dû trouver des appareils fonctionnels, souvent retirés parce qu’ils avaient atteint leur durée de vie utile ou étaient considérés comme désuets. Nous les avons réparés en urgence et distribués sur le territoire afin de faire respecter les nouvelles normes sanitaires. La pandémie a entraîné toute une adaptation lors des déplacements vers les autres installations du CIUSSS, en particulier pour la désinfection des équipements. Les procédures ont connu de fréquents changements afin d’éviter de contaminer les patient·e·s. Nous continuons d’offrir un service indispensable pour la prévention, le diagnostic et le traitement des maladies ainsi que la réadaptation des patient·e·s. Nous sommes exposés à la COVID-19 tous les jours et, de ce fait, nous mettons nos vies en danger!

Une denrée rare

Pour obtenir un poste de technicien GBM, un cours collégial préalable en génie électronique/électrique est exigé. Malheureusement, aucun cours ne nous prépare au vrai travail de technicien GBM. Le cours offert au cégep ne couvre que 5 % de ce dont nous avons besoin pour exercer notre métier. Nous devons suivre des formations qui sont spécifiques à notre domaine et apprendre comment fonctionnent les appareils sur les patient·e·s. Nous devons lire les manuels d’entretien du matériel que nous installons et les procédures fournies par le fabricant. Notre métier implique la maîtrise des nouvelles technologies médicales avec lesquelles nous devons nous familiariser par nous-mêmes la plupart du temps.

Il faut plusieurs années pour devenir autonome et être à l’aise avec les technologies, de sorte que le recrutement des techniciens GBM est ardu et que beaucoup de postes affichés ne sont pas comblés. Les compagnies privées viennent directement dans les hôpitaux pour recruter en offrant des salaires beaucoup plus avantageux et des conditions difficiles à refuser. Le réseau public québécois, loin d’être compétitif, n’a pas d’outil de rétention pour ses techniciens GBM, qui sont moins de 600.

À cause de la méconnaissance de notre titre d’emploi, on nous oublie lorsqu’il est question de compensations ou de primes.


On oublie aussi que derrière chaque opération, chaque traitement, il y a un technicien GBM qui a vérifié les équipements et qui est prêt à intervenir à la moindre urgence pour que les patient·e·s soient en sécurité.

Pour toutes ces raisons, nous croyons que nous sommes en droit d’être inclus dans les arrêtés ministériels 2020-035 et 2020-015 et de recevoir la prime COVID-19 de 100 $ par semaine, avec effet rétroactif.

Rédaction Jonathan Couture | 16 mars 2021

4 commentaires

  1. Guillaume Laquerre le 25 mars 2021 à 0 h 04 min

    Je suis tout à fait d’accord avec cela. Nous les techniciens et coordinateurs en génie biomédical sommes souvent oubliés, car dans certaines instances le travail est très bien fait que nous semblons invisible. C’est très vrai que les compagnies viennent nous recruter directement avec un bien meilleur salaire et c’est difficile de refuser avec le peu de gratification que nous avons.

  2. Brigitte Leboeuf le 25 mars 2021 à 0 h 05 min

    Monsieur Jonathan Couture, merci pour votre lettre.
    J’étais loin d’imaginer l’ampleur de votre travail au quotidien dans tous les secteurs de la santé.
    Moins de 600, c’est presque incroyable tout ce qui fonctionnent grâce à vous.
    J’espère que le Premier ministre et le ministre de la santé reconnaitront votre valeur et y associeront la reconnaissance monétaire.

  3. Jules Lafleur le 25 mars 2021 à 10 h 31 min

    Malheureusement pour nous les technicien(ne)s et coordonnateurs (trices) en génie biomédical
    avons été évalué il y a plusieurs années avec se système de facteurs et de sous-facteurs.
    Malheureusement encore pour nous, notre calculs et notre note global n’est pas très élevée et c’est pour ça que nous serons toujours sous évalué grâce à se beau système. De plus, nous sommes majoritairement des hommes et peux nombreux, ce qui fait que nous serons jamais une priorité.
    Puisque nous avons pas un contact directement avec la clientèle (ex:une technologue en imagerie qui a un contact direct avec la clientèle) nous perdons plusieurs points avec un système d’évaluation tellement désuet.
    J’ai honnêtement perdu espoir d’être reconnu. C’est une question de temps que le privé va faire le travail à notre place.

    Système d’évaluation des emplois à 17 sous-facteurs

    Facteur I – Efforts
    Sous-facteur 1 – Autonomie
    Sous-facteur 2 – Raisonnement
    Sous-facteur 3 – Créativité
    Sous-facteur 4 – Concentration et attention sensorielle
    Sous-facteur 5 – Efforts physiques
    Facteur II – Responsabilités
    Sous-facteur 6 – Responsabilités à l’égard d’un programme ou d’une activité et des ressources
    financières ou matérielles.
    Sous-facteur 7 – Responsabilités à l’égard des personnes
    Sous-facteur 8 – Responsabilités à l’égard des communications
    Sous-facteur 9 – Responsabilités de supervision et de coordination de personnes
    Facteur III – Qualifications
    Sous-facteur 10 – Formation professionnelle
    Sous-facteur 11 – Expérience et initiation
    Sous-facteur 12 – Mise à jour des connaissances
    Sous-facteur 13 – Habiletés en relations interpersonnelles
    Sous-facteur 14 – Habiletés physiques et dextérité manuelle
    Facteur IV – Conditions de travail
    Sous-facteur 15 – Conditions psychologiques
    Sous-facteur 16 – Conditions physiques
    Sous-facteur 17 – Risques inhérents

  4. Mario Hébert le 25 mars 2021 à 11 h 16 min

    Il est tout à fait juste de dire que notre profession mérite d’être plus valorisée, selon les conventions collectives le prérequis pour exercer est d’avoir une formation en électro-technique, je suis d’accord que cette formation de base couvre un faible pourcentage de ce que devrait connaître le technicien en Génie biomédical (GBM).
    Il y a environ 25 ans(1984-1994), existait une formation en biomédical qui permettait aux diplômés(es) d’avoir une bonne connaissance de ce qu’est le milieu hospitalier et ses équipements.
    Vers les années 2000, l’association des techniciens en Génie biomédical(ATGBM) a réussi à convaincre le ministère de l’éducation de mettre sur pied un certificat en technologies biomédicales, ce qui devrait être une formation nécessaire pour exercer la profession mais rien dans les écrits ne l’oblige !!
    Nonobstant ce fait, tous les intervenants au bien être du patient, tech. GBM inclus, méritent les mêmes conditions car ils subissent tous les risques reliés à la pandémie !

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