Des places en service de garde pour lutter contre les pénuries et la surcharge

Des places en service de garde pour lutter contre les pénuries et la surcharge

Quand des parents peinent à trouver une place pour leur tout-petit, ce sont encore les femmes qui mettent en grande majorité leur carrière en veilleuse. Du fait de l’âge moyen de nos membres (39 ans), qui correspond à cette période de la vie où les projets familiaux battent leur plein, les personnes salariées représentées par l’APTS n’échappent pas à cette réalité.

Avant la crise sanitaire qui a accentué le manque de places, les engagements du gouvernement Legault pour répondre aux besoins criants en service de garde à la petite enfance tardaient à se concrétiser. Le nombre de familles cherchant à intégrer le réseau de service de garde est estimé à 51 000, sans compter les parents qui souhaitent obtenir une place subventionnée. Le gouvernement est à la recherche de solutions mais les multiples embûches et exigences entourant la création des centres à la petite enfance (CPE) font craindre des délais malvenus.

Il a été démontré qu’investir dans les services de garde est payant. Ne serait-ce que pour les retombées fiscales. Dans le cadre de la journée d’étude sur les services de garde éducatifs au Québec, organisée le 20 mai dernier par le mouvement Ma place au travail, l’économiste Pierre Fortin rapportait que chaque tranche de 100 dollars investis dans ce réseau par le gouvernement québécois se traduit par des retombées fiscales de 175 dollars (120 pour le Québec et 55 pour le fédéral).

Toutefois les places manquent cruellement et la crise sanitaire n’a fait qu’amplifier cette situation en mettant en lumière, comme dans d’autres secteurs dits essentiels, les effets du manque d’investissement et de l’absence de reconnaissance pour les ressources qui y travaillent. C’est le réseau privé qui en a profité pour se développer. La qualité des services qu’il offre est variable, ce qui contrevient aux objectifs mêmes d’un réseau intégré, soit d’assurer l’égalité des chances pour les tout-petits. À cela s’ajoutent des difficultés flagrantes d’accès, qui mettent les parents en concurrence.

Les enjeux sont énormes pour les familles, qui ont besoin de soutien pour concilier leurs responsabilités parentales, obtenir un deuxième revenu souvent essentiel et permettre aux femmes qui le souhaitent de poursuivre leur cheminement professionnel, d’être financièrement autonomes et d’accumuler des droits pour leur retraite. Bref, pour l’atteinte de l’égalité.

Le système de garde à la petite enfance dont s’est doté le Québec à partir de 1997 est considéré comme un des principaux facteurs qui expliquent le taux de participation record des Québécoises sur le marché du travail à l’échelle mondiale (avec la Suisse et la Suède). Ce portrait a néanmoins changé rapidement avec la crise sanitaire qui, au printemps 2020, a ramené le Québec 30 ans en arrière. La situation peine à se rétablir, les femmes réintégrant le marché du travail plus difficilement que les hommes qui, de surcroît, bénéficieront des plans de relance gouvernementaux.

On peut présumer que le manque de place en garderie qui s’est accentué retardera le retour au travail des mamans de jeunes enfants.


Le Québec ne peut pourtant pas se passer d’elles dans le contexte de pénurie de main-d’œuvre qui sévit notamment dans le réseau de la santé. Cette situation ne manquera pas d’aggraver la surcharge de travail qui accable actuellement les ressources déjà insuffisantes. Préoccupée par cette question au cœur des conditions de travail de nos membres, ainsi que par les enjeux de l’égalité des femmes et des hommes et des chances pour les tout-petits, le comité d’action féministe de l’APTS a décidé de documenter le phénomène de manière à pouvoir contribuer aux efforts déployés par les familles. C’est à cette fin qu’il appuie notamment l’initiative citoyenne Ma place au travail. Nous pourrons ainsi soutenir les autres secteurs et services de l’APTS pour dénoncer la surcharge subie dans le réseau et formuler des solutions.

Un sondage vous sera transmis prochainement à ce sujet, première étape dans une démarche qui se veut porteuse d’espoir.

Ma place en garderie

Vous avez jusqu’au 7 juin pour vous joindre aux 15 000 personnes qui ont signé la pétition en ligne demandant au gouvernement du Québec de :

  • reconnaître la crise liée à la pénurie de places en service de garde;
  • mobiliser les ministères et organismes afin de mettre en place dans les meilleurs délais un plan d’urgence national;
  • proposer un plan de création de toutes les places manquantes;
  • valoriser les métiers de la petite enfance.

 

Rédaction Élaine Giroux | Collaboration Laurence de la Sablonnière | 4 juin 2021