Budget du Québec : l’avenir en péril

Budget du Québec : l’avenir en péril

Le 25 mars dernier le ministre des Finances a déposé le budget du Québec 2021-2022 dans un contexte particulier : l’économie québécoise est passée subitement d’un contexte de surchauffe à un état de récession en raison de la «fermeture» de 40 % de l’économie en mars 2020. Ce type de retournement ne peut qu’avoir un lourd impact au plan budgétaire.

Il y a tout juste un an, Québec nageait littéralement dans d’énormes surplus. Douze mois plus tard, la situation a changé du tout au tout avec un déficit appréhendé de 12,3 G $. Ceci dit, elle est loin d’être catastrophique. Le ministre des Finances le reconnaît lui-même : à ce stade de la crise, l’important demeure la stimulation économique et le financement des services.

Un bémol cependant. Si l’heure n’est pas aux compressions, le ministre Girard prépare déjà le terrain car il semble malheureusement que cette heure viendra. Dans le budget, on peut lire qu’aucun effort de restriction des dépenses ne sera proposé avant le rétablissement du «plein emploi». Ce qui signifie que les coupures attendront le retour à des niveaux d’emploi et de chômage similaires à ceux de décembre 2019. Les prévisions prévoient un tel retour quelque part entre le 2e et le 4e trimestre 2022.

Donc le gouvernement nous annonce qu’il y aura des compressions (à hauteur de 1,3 G $ par année pendant cinq ans), mais pas avant le budget de mars 2023. Soit après l’échéance électorale d’octobre 2022.

Et le financement des services à la population?

L’APTS avait établi le sous-financement chronique du réseau à 3,6 G $ dans son mémoire sur les consultations prébudgétaires. Ce chiffre correspond au fossé qui s’est creusé de 2008 à 2020 entre le niveau de financement réel des services à la population et l’évolution normale des «coûts de système».

Avec les sommes inscrites au budget du 25 mars, cet écart s’est réduit à 1 G $. Cela vaut la peine que l’on s’y attarde.

Il aura fallu la pandémie et son flot de dépenses extraordinaires pour combler la plus grande part du sous-financement hérité des années d’austérité.


Mais rétablir un certain niveau de financement «normal» dans un contexte anormal n’a rien pour nous rassurer pour la suite. Que restera-t-il des investissements actuels dans le contexte post-pandémique?

Le ministre des Finances se veut rassurant mais jette lui-même les bases d’une austérité inévitable en promettant le retour à l’équilibre budgétaire sans politique visant à hausser ses revenus! On comprend qu’il attend du gouvernement fédéral un rehaussement des transferts dédiés à la santé et aux services sociaux, mais il est certain que si Ottawa acquiesce à cette demande, les sommes en jeu seront insuffisantes pour ramener le compteur du déficit à zéro.

Préparez-vous donc à un avenir mouvementé.

Vous pouvez voir ou revoir notre réaction à chaud le soir du dépôt du budget en consultant la capsule diffusée en direct le 25 mars.

Rédaction Philippe Hurteau | 8 avril 2021