Après l’iniquité salariale, l’iniquité sanitaire

Après l’iniquité salariale, l’iniquité sanitaire

La crise sanitaire actuelle met en lumière les inégalités sociales et économiques partout dans le monde. Des inégalités qui s’observent aussi entre les genres.

Alors que ce sont majoritairement les femmes qui assurent les services essentiels à la vie en ces temps de pandémie, ce sont aussi elles qui en subissent les impacts de plein fouet.

Omniprésentes dans le secteur de la santé, elles sont davantage à risque d’attraper le virus en assurant les services. C’est aussi le cas dans les commerces qui ont été maintenus au plus fort du confinement : les épiceries, les pharmacies. Assurer leur santé a été difficile partout. Et elles ont perdu leur emploi dans une plus grande proportion que les hommes. Au niveau de la conciliation famille-travail et de la charge mentale qui y est associée, elles ont à composer avec les retombées de la perte des services de garde et de la suspension des écoles, par exemple en recourant à leurs congés de maladie, en prenant du temps sans solde. Leur contribution pour maintenir l’équilibre familial est encore plus sollicitée.

59 % des cas confirmés de personnes infectées à la COVID-19 au Québec sont des femmes

Les professions à risque sont davantage occupées par les femmes

81 % des personnes au front dans le réseau de la santé et des services sociaux et les autres services essentiels sont des femmes

120 200 femmes ont perdu leur emploi au Québec en mars contre 55 100 hommes, car elles sont plus nombreuses à occuper des emplois précaires qui ne peuvent être effectués en télétravail. Elles occupent la majorité des emplois dans les secteurs qui vont prendre plus de temps à se remettre de la crise économique (hôtellerie, restauration, arts de la scène)

Elles sont plus sujettes à souffrir des mesures de confinement dans la sphère domestique (tâches ménagères, charge mentale, école à la maison, violence conjugale, etc.) Une étude réalisée aux États-Unis après l’ouragan Katrina a démontré que 25 % des femmes avaient été victimes de violence conjugale

Leur santé mentale est menacée par le partage inégal des tâches domestiques et familiales et par le stress lié à l’exposition au virus

Pour en savoir plus, consultez le dossier du Conseil du statut de la femme

 

Les « anges gardiennes » méritent une reconnaissance tangible à la suite de leur participation à la lutte contre la pandémie.


Le terme utilisé, « anges gardiens », fait réagir plusieurs. Énoncé comme un compliment, il n’est pas innocent. Il réfère à l’idée de vocation du temps des religieuses qui géraient et dispensaient les services de santé avant que le réseau public ne soit créé. Or on parle de professionnelles! Si l’époque du don de soi est terminé, la bataille de l’équité salariale, elle, ne l’est pas. Les femmes qui travaillent dans le réseau de la santé et des services sociaux doivent être reconnues à leur juste valeur. C’est à la base des négociations de l’APTS avec notre employeur, le gouvernement. Il faut se défaire de cette image qui colle aux professions majoritairement féminines.

Quand le premier ministre dit que son plan de relance économique répond aux besoins des femmes avec le programme de formation estival de préposé·e aux bénéficiaires qui s’amorce, on en déduit que l’absence de femmes dans l’équipe de relance économique n’est pas sans conséquence sur la vision du gouvernement. La volonté des femmes d’obtenir la parité dans les lieux décisionnels n’est pas un caprice, c’est un enjeu démocratique. La diversité de la population doit se refléter dans toutes les sphères de la société. La réalité des femmes, leur expérience et leur vision manquent cruellement dans les sphères politiques. On le voit bien avec des réponses comme celle-là, qui dénote une inquiétante méconnaissance des enjeux de la moitié de la population du Québec.

C’est pourquoi il est important de tenir bon et de mettre en évidence les inégalités économiques et sociales. Surtout en temps de pandémie alors que des reculs sont déjà observés. Il faut agir pour ne pas voir les erreurs du passé se répéter.

Rédaction Élaine Giroux | 18 juin 2020